Aujourd’hui je vous présente les réponses à plusieurs questions que l’on me pose fréquemment en tant que thérapeute en ligne.

1. Est-ce que vous pensez beaucoup à vos clients entre les séances ?

De temps en temps, certains moments de mon quotidien me font penser à certains clients. Cela peut arriver quand je suis en train de lire quelque chose qui me rappelle une personne en particulier ou parce-que je pense que ce que je suis en train de lire pourrait aider cette personne ou alors parce-qu’un.e autre client.e (ou un.e ami.e) me raconte une histoire similaire. Mais de manière générale, j’essaye de me déconnecter entre les séances et, autant que possible, de bien faire la différence entre mon travail et ma vie personnelle. Juste avant la prochaine séance vidéo avec une personne, je m’y prépare mentalement, par exemple en relisant les notes prises lors de la dernière séance.

 

2. Comment réussissez-vous à décompresser ?

Lors de mes consultations en ligne, je suis confrontée au quotidien à des problèmes psychiques et à des histoires de vie plus ou moins difficiles. Bien évidemment, certaines de ces histoires me touchent personnellement, me rendent triste ou me bouleversent. J’y pense après le travail ou je m’en rappelle à des moments aléatoires de ma journée. Dans ces conditions, il est particulièrement important de réussir à décompresser et à penser à autre chose. C’est quelque chose que nous en tant que psychothérapeutes devons apprendre dès le début de notre formation professionnelle et que nous sommes forcés d’appliquer activement et de manière régulière. Néanmoins, nous n’arrivons pas toujours à nous déconnecter : après tout, nous ne sommes également que des humains. C’est pourquoi nous avons tendance à échanger régulièrement avec nos collègues et à discuter de cas particulièrement difficiles.

Toutefois, je tiens à préciser que les histoires que j’entends en tant que thérapeute en ligne sont généralement bien moins tragiques que celles que j’ai vécu à la clinique, que ce soit en unité psychiatrique pour adultes ou pour enfants. Le travail avec des enfants abusés ou maltraités m’a par exemple toujours touché de manière très personnelle. Cela ne veut pas dire que mes clients en ligne ne souffrent pas de leurs problèmes, au contraire, et là aussi, il est important pour moi de me déconnecter et de décompresser. Je pense cependant que nous les thérapeutes avons un certain avantage par rapport à d’autres métiers. Comme c’est compliqué pour nous dès le début de notre carrière, nous apprenons souvent bien avant les autres professionnels à nous assurer une bonne hygiène mentale. Nous apprenons à délimiter clairement notre vie professionnelle de notre vie personnelle et à nous déconnecter. Ici aussi, la règle suivante applique : c’est en forgeant que l’on devient forgeron.

Ce que je fais généralement pour décompresser ? La première chose est que je veille à avoir des plages de temps « hors-ligne » et je ne télécharge pas automatiquement mes mails professionnels sur mon portable. Entre les séances, j’essaye de me lever et de bouger, d’aller boire un thé ou encore, je fais le poirier. Un tel changement de perspective qui, en plus, demande de la concentration et de l’équilibre, peut aider énormément. Sinon, j’apprécie de me promener, de faire du yoga ou d’autres activités sympas. Comme la plupart du temps je suis en voyage, une nouvelle ville, un nouveau fleuve ou encore une nouvelle plage ne demandent qu’à être explorés après le travail. Et ça, ça me facilite clairement le fait de me déconnecter de mon travail.

 

3. Est-ce que vous préférez certains clients à d’autres ?

En principe, il existe deux réponses à cette question : d’une part il y a des client.e.s qui me sont personnellement vraiment sympathiques et où je peux tout à fait imaginer qu’une amitié aurait pu naitre si nous nous étions rencontré.e.s dans d’autres circonstances. D’autre part, il y a des clients avec qui j’apprécie particulièrement de travailler. Ces personnes ne font pas obligatoirement partie de la première catégorie, il s’agit plutôt de toutes les personnes qui sont réellement prêtes à s’engager dans une démarche thérapeutique. Il s’agit de gens qui veulent vraiment changer quelque chose dans leur vie ou dans leur comportement et qui essayent sérieusement d’appliquer à leur quotidien les choses que nous discutons lors de nos séances. Quand je travaillais en unité psychiatrique pour enfants et adolescents, par exemple, j’appréciais spécialement de travailler avec des adolescents difficiles, violents ou hyperactifs. Généralement, cela prenait un certain temps pour réussir à établir une bonne relation thérapeutique avec eux mais une fois que la glace était brisée, les choses étaient déjà bien plus simples.

 

4. Certains clients vous ont-ils particulièrement marqués ?

Oui, beaucoup de personnes ! Des fois il s’agit de certains détails, des fois de tout le processus thérapeutique ou encore c’est la personne elle-même qui m’a marquée. Des fois je me souviens d’histoires particulièrement tragiques, des fois des personnes avec qui les séances étaient très drôles et variées, de ceux avec qui je me suis promenée, avec qui j’ai beaucoup ri ou encore avec qui j’ai constamment bataillé pour une bonne connexion internet. Des fois c’est les personnes avec qui j’ai parlé hebdomadairement pendant plusieurs années et des fois il s’agit de personnes que je n’ai vu qu’une seule fois. Des fois c’est une personne qui me rappelle quelqu’un d’autre ou qui a vécu une histoire similaire à celle d’un.e ami.e ou d’un.e proche. Des fois il s’agit de ceux qui ont effectué une transformation incroyable tout au long de la thérapie ou des consultations, qui ont affronté leurs propres démons et qui sont ressortis grandis de cette épreuve et des fois, il s’agit aussi de ceux que je n’ai pas pu aider.

 

5. Y-a-t ’il des choses que vous n’appréciez pas de votre travail en tant que thérapeute en ligne ?

Un des principaux inconvénients du travail en ligne est le manque d’échanges directs avec d’autres collègues. A cause de mes voyages fréquents, je suis plutôt une travailleuse solitaire au quotidien. Dans une clinique, on est entouré de toute une équipe et même en tant que psychothérapeute dans un cabinet on est régulièrement en contact étroit avec des collègues. J’ai entre-temps réussi à me construire un bon réseau de collègues en ligne avec qui j’échange fréquemment. Il s’agit aussi bien de collègues allemands et français que de personnes venant d’autres pays, ce qui est passionnant et me permet d’élargir facilement mon horizon.

Les discussions individuelles et personnelles avec mes clients me manquent des fois aussi. Même si je sais apprécier tous les avantages d’une consultation par vidéo-conférence et par courrier électronique, je sais également qu’une discussion en face à face est quand même un peu différente.

Je trouve très dommage que l’assurance maladie ne prenne pas en charge les thérapies en ligne. Il est évident que tous les problèmes ne peuvent pas être résolus en ligne mais il existe un grand nombre d’études qui prouvent qu’une thérapie en ligne peut être tout aussi utile pour traiter tout un éventail de problèmes psychologiques qu’une thérapie classique. Le fait qu’une consultation en ligne ne soit pas remboursée implique évidemment que tout le monde ne puisse pas se le permettre financièrement. Mais de toute manière, comme la plupart de mes clients vivent à l’étranger, les situations sont souvent très différentes de toute façon.

Le fait que le terme « consultation psychologique » ne soit pas protégé – et que cela implique donc que n’importe qui peut décider de mettre en ligne un beau site internet et commencer à prodiguer des conseils – ne rend pas les choses plus simples. Personnellement, après mes études en psychologie, j’ai suivi une formation de 5 ans pour devenir une psychothérapeute psychologique (titre protégé en Allemagne, nécessaire pour pouvoir ouvrir son propre cabinet de psychothérapie) avant de faire mon doctorat et de travailler entre autre plusieurs années dans diverses cliniques. Avec un tel cursus, je suis plutôt une exception chez les thérapeutes en ligne. Je trouve très dommage qu’il est souvent compliqué pour les clients de s’y retrouver dans la « jungle en ligne » et de réussir à identifier un bon thérapeute. En Allemagne il existe un label de qualité émis par l’association professionnelle des psychologues allemands .

Concernant ce dernier point je ne suis pas sûre s’il a sa place dans ce paragraphe ou dans le prochain. C’est une chose que je trouve des fois assez énervante et pourtant incroyablement passionnante : le marketing. Avant de partir voyager le monde et ouvrir mon cabinet en ligne, en tant que psychothérapeute remboursée par la sécurité sociale allemande, je n’avais jamais eu à m’occuper de faire ma propre publicité car le contexte du marché fait que les client.e.s venaient à moi d’eux-mêmes. Cependant, en ligne, les choses sont bien différentes. Ces dernières années, j’ai beaucoup appris sur le fonctionnement des réseaux sociaux, j’alimente – en plus de mon site web et de mon blog – une page Facebook, j’ai un compte Instagram sur lequel je ne publie pas que des belles photos de vacance et j’envoie régulièrement une newsletter aux personnes intéressées de rester au courant des nouveautés de mon cabinet en ligne. Ce qui m’énerve dans tout ça, c’est qu’il est ainsi quasiment impossible de cloisonner clairement ma vie professionnelle et ma vie personnelle. Les temps où je ne recevais que de temps en un temps une notification Facebook et que je ne voyais que les photos de vacances de mes ami.e.s sont définitivement révolus…

 

6. Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement dans votre travail de thérapeute en ligne ?

J’ai déjà rédigé un article entier dédié à ce sujet et que vous pouvez consulter ici ! Pour faire court : je trouve formidable de pouvoir combiner, en tant que thérapeute en ligne, mon rêve d’une vie sans attaches géographiques et ma carrière. Que je puisse voyager ou encore que je puisse travailler depuis chez moi (où que cela puisse être). Je me réjouis particulièrement de pouvoir atteindre des gens qui ne pourraient sinon pas avoir accès à un thérapeute. Je suis fascinée par la diversité des personnes avec qui je suis en relation. Mes client.e.s vivent en Europe, en Asie, en Afrique ou en Amérique et pourtant, leurs problèmes sont souvent similaires.

Je profite de pouvoir faire la grasse matinée, de travailler beaucoup moins qu’aux temps où, en plus de travailler à temps complet, je faisais ma formation en tant que thérapeute ou mon doctorat et j’adore me prendre spontanément un jour de libre. En ce sens – et avec mes meilleures salutations depuis la France – je vais à la plage !

thérapeute en ligne 

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Quelle(s) question(s) avez-vous envie de me poser ? Sentez-vous libre de me laisser un commentaire !

 

 

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