…ou comment gérer ses ami.e.s qui ont besoin d’aide

Et tu fais quoi dans la vie ?
Quand je suis à une soirée (ou dans n’importe quelle autre situation sociale) et qu’on me demande quel est mon métier, il y a la plupart du temps ce petit moment d’hésitation qui me fait souhaiter d’avoir un autre travail. Car la réponse honnête à cette question amène presque systématiquement à un changement du cours de la conversation.
Ce qui, il y a à peine quelques secondes était encore une discussion légère et agréable prend tout à coup une toute autre dynamique. Quand je réponds que je suis psychologue (ou psychothérapeute) les gens réagissent presque toujours de la même façon : « Oh, et bien il va falloir que je fasse attention, maintenant ! » (des fois formulé d’une manière un peu différente en tant que « Et bien dans ce cas tu dois déjà tout savoir de moi et m’as sûrement déjà analysé ») ou alors ils posent une question plus ou moins directe en lien avec mon expertise professionnelle. « C’est super, dis donc ! D’ailleurs, j’aurais une question à ce propos… je connais quelqu’un qui a besoin d’aide… tu recommandes quoi… ».
Un apéro n’est pas un cabinet de consultation
J’aime mon travail, j’ai toujours apprécié de travailler en tant que thérapeute et cela me fait vraiment plaisir de pouvoir aider d’autres personnes. Mais c’est mon travail, j’ai fait des études pour ça et je suis payée pour.
Un apéro ou une première rencontre avec des personnes que je ne connais pas ne sont pas les circonstances optimales pour une discussion de cette nature. Et je constate que beaucoup d’ami.e.s ou de proches me contactent quand ils ont une question ou un problème de ce type. Même si je suis disposée à prendre le temps de leur répondre et que j’ai envie de les aider, il n’existe la plupart du temps pas une réponse simple et claire à leurs dilemmes – car si c’était le cas, ils n’auraient probablement pas eu besoin de me poser la question et auraient trouvé la réponse eux-mêmes.
Je n’ai pas de réponse rapide à tous les problèmes, c’est plutôt que je suis consciente qu’on a souvent besoin d’un long travail pour pouvoir aborder les problèmes et réussir à changer les choses durablement. Bien évidemment, je peux offrir des conseils, donner des suggestions ou des idées. Mais j’ai également appris que je dois me protéger, du moins partiellement, de ce genre de requête.
Cela vient sans doute du fait que, dans le cadre de mon travail, je dois souvent écouter beaucoup de problèmes, je dois aider les gens à changer des choses dans leurs vies et à trouver des solutions à leurs problèmes. Dans la plupart des cas, j’ai très peu envie d’écouter en plus des problèmes dans ma vie privée. Je ne suis pas la thérapeute de mes ami.e.s – et je ne peux ni ne veut d’ailleurs pas l’être.
Vous aussi vous aidez beaucoup les autres ? Faites attention à vous !
Certaines personnes, peu importe si elles – comme moi – sont actives ou non dans ce champ de compétences, attirent magiquement ce genre de demande d’aide. Elles savent bien écouter, il est facile de se livrer à ces personnes. Elles sont même peut-être capables de donner un bon conseil et sont toujours prêtes à aider.
Et autant cela peut être un beau rôle à enfiler, autant cela peut représenter un risque pour ces mêmes personnes de porter un fardeau trop lourd. Elles aident les autres et, ce faisant, s’oublient elles-mêmes en chemin. Elles courent le risque d’être utilisées, de devenir les poubelles mentales des autres.
Oui, c’est une belle chose d’être présent.e pour les ami.e.s qui ont besoin d’aide. Mais cela ne devrait pas être une chose unilatérale. Et celui ou celle qui aide et qui supporte trop les autres prend le risque d’oublier son propre bien-être mental.
Si vous aussi vous avez tendance à trop aider les autres, osez vous poser la question si cela vous fait vraiment du bien. Écoutez-vous, faites attention à vous-même et préférez peut-être d’envoyer vos ami.e.s chez un.e thérapeute.